«Comme vous êtes fort galant homme, et que vous savez comme il faut vivre, je crois que nous ferons le meilleur ménage du monde ensemble, et que vous ne serez point de ces maris incommodes, qui veulent que leurs femmes vivent comme des loups-garous.»
Dorimène, scène 2
Sganarelle, riche quinquagénaire, projette d’épouser la jeune Dorimène. S’inquiétant de la possible infidélité de celle-ci, il consulte un ami, des philosophes et des bohémiennes mais leurs réponses ne font qu’accroître ses doutes sur ce mariage.
Personnage récurrent de l’oeuvre de Molière, Sganarelle est tantôt valet rusé ou poltron, tantôt fagottier imposteur, tantôt tuteur possessif ou père égoïste ; il est cette fois bourgeois et «mari forcé».
Comme dans Georges Dandin ou Les Femmes savantes, c’est ici une femme qui «prend le pouvoir» ; c’est le mari qui est contraint et dupé, et qui apporte la dote dans ce mariage arrangé.
Contrairement à beaucoup d’autres pièces de Molière, la fin n’apporte pas un dénouement heureux à l’intrigue et Sganarelle se retrouve le dindon de la farce.
«Tout ce que peut comporter d’apparemment réaliste le débat autour du mariage et du cocuage se dissout dans l’univers festif et onirique des musiciens, des danseurs, des bohémiennes ou du magicien.»
Bernard Beugnot, Le Mariage forcé, Folio théâtre
Les décors en trompe l'œil, les costumes, l'éclairage aux bougies, donnent à cette comédie ballet toute sa dimension et une magie toute nouvelle et, pourtant, originelle ....
L’originalité de la forme baroque, son extrême précision, mais aussi son côté percutant et dynamique, rendent la pièce immédiatement accessible au public d’aujourd’hui.
«A l’instar des Arts florissants pour la musique, on y utilise les « instruments » d’époque maquillés à outrance et éclairés à la bougie, face au public, les comédiens se déplacent à petits pas et appuient chaque syllabe d’un geste de la main ou d’une mimique, en prononçant toutes les lettres ainisi que le français s’énonçait au 17ème siècle. Le jeu très typé s’accompagne justement d’intermèdes musicaux composés par Lully pour cette comédie-ballet et interprétés par trois musiciens ainsi qu’un baryton.»
Dider Delacroix, L’Impartia